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les nations qui défendirent la civilisation kouschite d’une disparition trop prématurée, et en même temps, comme ces alluvions ne furent jamais fort riches, l’esprit égyptien put se tenir toujours à distance des notions démocratiques finalement triomphantes à Tyr et à Sidon, parce que sa populace ne s’éleva jamais à une telle amélioration de sang, qu’elle pût concevoir la pensée ambitieuse et acquérir la faculté de devenir l’égale de ses maîtres. Toutes les révolutions se passèrent entre les castes supérieures. L’organisation hiératique et royale ne se vit pas attaquée. Si quelquefois des dynasties mélaniennes, comme celle dont Tirhakah fut le héros (1)[1], parurent à la tête du gouvernement d’un nome, leur triomphe fut court : ce ne fut qu’une élévation profitable à certains chefs, élévation résultant des jeux fortuits de la politique, et qui n’inspira jamais à ceux qu’elle glorifiait la tentation d’user de leur omnipotence pour établir cette égalité de droits cherchée par les groupes, en effet à peu près égaux, qui se querellaient dans les rues et sur les places des villes de la Phénicie. C’est ainsi que se précisent les causes de la stabilité égyptienne.

Cette stabilité devint de très bonne heure de la stagnation, parce que l’Égypte ne grandit réellement que tant que persista la suprématie du rameau hindou qui l’avait fondée : ce que les autres races blanches lui procurèrent de secours suffit pour prolonger sa civilisation, et non pour la développer.

Néanmoins, même dans la décadence, et bien que l’art égyptien des temps postérieurs à la 19e dynastie, c’est-à-dire à Ménéphthah (1480 avant J.-C.), ne présente plus qu’à de lointains intervalles des monuments dignes de rivaliser par la beauté de l’exécution, et jamais plus par le grandiose, avec ceux des âges précédents (2)[2], néanmoins, dis-je, l’Égypte



(1) Wilkinson, t. I, p. 140. — Les deux prédécesseurs de Tirhakah, Éthiopiens comme lui, étaient Sabakoph et Shebek. Tirhakah, d’ailleurs, rendit hommage au génie égyptien en retournant, de lui-même, en Éthiopie (Lepsius, p. 275). Espèce de Mantchou, il n’avait jamais régné, aussi bien que ses prédécesseurs de même sang, qu’à la façon antique du pays.

(2) Wilkinson, t, I, p. 22, 85 et passim, 165 et passim, 206 et passim, W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 60.

  1. (1) Wilkinson, t. I, p. 140. — Les deux prédécesseurs de Tirhakah, Éthiopiens comme lui, étaient Sabakoph et Shebek. Tirhakah, d’ailleurs, rendit hommage au génie égyptien en retournant, de lui-même, en Éthiopie (Lepsius, p. 275). Espèce de Mantchou, il n’avait jamais régné, aussi bien que ses prédécesseurs de même sang, qu’à la façon antique du pays.
  2. (2) Wilkinson, t, I, p. 22, 85 et passim, 165 et passim, 206 et passim, W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 60.