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familles sacerdotales groupées autour des sanctuaires. Le reste de la population ne pratiqua guère que l’obéissance. Ne nous occupons donc plus que de l’Égypte proprement dite, où cette question, la seule importante, reste à résoudre presque en entier : la grandeur de la civilisation égyptienne a-t-elle correspondu exactement à la plus ou moins grande concentration du sang de la race blanche dans les groupes habitants du pays ? En d’autres termes, cette civilisation, sortie d’une migration hindoue et modifiée par des mélanges chamites et sémites, alla-t-elle toujours en décroissant à mesure que le fond noir, existant sous les trois éléments vitaux, prit graduellement le dessus ?

Avant Ménès, premier roi de la première dynastie humaine, l’Égypte était déjà civilisée et possédait au moins deux villes considérables, Thèbes et This. Le nouveau monarque réunit sous sa domination plusieurs petits États jusque-là séparés. La langue avait déjà revêtu son caractère propre. Ainsi l’invasion hindoue et son alliance avec des Chamites remontent au delà de cette très antique période, qui en fut le couronnement. Jusque-là point d’histoire. Les souffrances, les dangers et les fatigues du premier établissement forment, comme chez les Assyriens, l’âge des dieux, l’époque héroïque.

Cette situation n’est pas particulière à l’Égypte : dans tous les États qui commencent on la retrouve.

Tant que durent les difficiles travaux de l’arrivée, tant que la colonisation demeure incertaine, que le climat n’est pas encore assaini, ni la nourriture assurée, ni l’aborigène dompté, que les vainqueurs eux-mêmes, dispersés dans les marais fangeux, sont trop absorbés par les assauts auxquels chaque individualité doit faire tête, les faits arrivent sans qu’on les recueille ; on n’a d’autre souci que la préservation, si ce n’est la conquête.

Cette période a une fin. Aussitôt que le labeur porte réellement ses premiers fruits, que l’homme commence à jouir de cette sécurité relative vers laquelle le portent tous ses instincts, et qu’un gouvernement régulier, organe du sentiment général, est enfin assis ; à ce moment, l’histoire commence, et la nation