Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/414

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la fermeté, la sagesse, et qui, plus tard, voulut dire la vertu. On le trouve encore dans cette expression de d’ἀράομαι, qui se rapporte à l’action d’honorer les puissances surhumaines ; enfin, il ne serait pas trop hardi, peut-être, ni contraire à toute bonne étymologie de voir l’appellation générique de la famille ariane attachée à une de ses plus glorieuses descendances, en rapprochant les mots arya, ayrianem, de Ἀρχαιοί, et d’Ἀργεῖοι. Les Grecs, en se séparant à une époque antique du faisceau commun, n’auraient point abjuré son nom ni dans leurs habitudes de pensée, le fait est incontestable, ni même dans leur dénomination nationale.

On pourrait pousser beaucoup plus loin cette recherche, et l’on trouverait cette racine ar, ir ou er, conservée jusque dans le mot allemand moderne Ehre, qui semble prouver qu’un sentiment d’orgueil fondé sur le mérite moral a toujours occupé une grande place dans les pensées de la plus belle des races humaines[1].

D’après des témoignages aussi nombreux, on trouvera peut-être à propos de rendre un jour, au réseau de peuples dont il s’agit, le nom général et très mérité qu’il s’était appliqué à lui-même et de renoncer à ces appellations de Japhétides, de Caucasiens et d’Indo-Germains, dont on ne saurait trop signaler les inconvénients. En attendant cette restitution bien désirable pour la clarté des généalogies humaines, je me permettrai de la devancer, et je formerai une classe particulière de tous les peuples blancs qui, ayant inscrit cette qualification soit sur des monuments de pierre, soit dans leurs lois, soit dans leurs livres, ne permettent pas qu’on la leur enlève. Partant de ce principe, je crois pouvoir dénommer cette race spéciale d’après les parties qui la constituent au moment où, déjà séparée du reste de l’espèce, elle s’avance vers le sud.

On y compte les multitudes qui vont envahir l’Inde et celles qui, s’engageant sur la route où ont marché les Sémites, gagneront les rivages inférieurs de la mer Caspienne, et de là,

  1. La même racine se trouve dans le pa-zend hir ou ir, qui signifie maître, dans le latin herus et dans l’allemand Herr. (Burnouf, Commentaire sur le Yaçna, t. I, p. 460.)