Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/433

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Ils déclarèrent que chaque varna conférait à ses membres des privilèges inaliénables, devant lesquels la volonté royale expirait. Il était défendu au souverain d’empiéter sur les droits des prêtres. Il ne lui était pas moins interdit d’attenter à ceux des kschattryas ou des castes inférieures (1)[1]. Le monarque fut entouré d’un certain nombre de ministres ou de conseillers, sans le concours desquels il ne pouvait agir et qui appartenaient aussi bien à la classe des purohitas qu’à celle des guerriers (2)[2].

Les constituants firent plus. Au nom des lois religieuses, ils prescrivirent aux rois une certaine conduite dans la vie intérieure. Ils réglèrent jusqu’à la nourriture et proscrivirent, de la manière la plus énergique, et sous des peines temporelles et spirituelles, toute infraction à leurs mandements. Leur chef-d’œuvre, à mon avis, à l’encontre des kschattryas et de la caste qui va suivre, est d’avoir su se départir de la rigueur des classifications pour ne pas monopoliser absolument les choses de l’intelligence dans le sein de leur confrérie. Ils comprirent, sans doute, que l’instruction ne peut être refusée à qui est capable de l’acquérir, de même qu’on la permet sans




un coursier, il n’attaque pas un ennemi à pied, ni un homme efféminé, ni celui qui demande la vie à mains jointes, ni celui dont la chevelure dénouée couvre la vue, ni celui qui, épuisé de fatigue, s’est assis sur la terre, ni celui qui dit : je suis ton captif. » § 92 : « Ni celui qui dort, ni celui qui a perdu sa cotte de mailles, ni celui qui est nu ; ni celui qui est désarmé, ni celui qui est spectateur et non acteur dans le combat, ni celui qui est aux prises avec un autre. » § 93 : « Ayant toujours présent à l’esprit le devoir des Arians, des hommes honorables, qu’il ne tue jamais quelqu’un qui a rompu son arme, ni celui qui pleure pour un chagrin particulier, ni celui qui a été blessé grièvement, ni celui qui a peur, ni celui qui tourne le dos. » § 98 : « Telle est la loi antique et irréprochable des guerriers. De cette loi, nul roi ne doit jamais se départir, quand il attaque ses ennemis dans la bataille. »

(1) Manava-Dharma-Sastra, chap. VII, § 123 : « Since the servants of the king, whom he has appointed guardians of districts, are generally knaves, who seize what belongs to other men, from such knaves let him defend his people. » Cet article fut inspiré, selon toute vraisemblance, par la féodalité des kschattryas.

(2) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 805.


  1. (1) Manava-Dharma-Sastra, chap. VII, § 123 : « Since the servants of the king, whom he has appointed guardians of districts, are generally knaves, who seize what belongs to other men, from such knaves let him defend his people. » Cet article fut inspiré, selon toute vraisemblance, par la féodalité des kschattryas.
  2. (2) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 805.