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touchaient encore, à une époque assez basse, au lac Baïkal et au cours supérieur du Jénisseï. Maintenant que toutes les limites sont précisées, il y a lieu de chercher si le sol qu’elles embrassent ne renferme plus aucun débris matériel, aucune trace, qui puissent se rapporter à nos premiers parents. Je sais bien que je demande ici des antiquités presque hyperboliques. Cependant la tâche n’est pas chimérique en présence des découvertes curieuses et entourées de tant de mystères qui eurent l’honneur, au dernier siècle, d’attirer l’attention de l’empereur Pierre le Grand, et de donner, en sa personne, une preuve de plus de cette espèce de divination qui appartient au génie.

Les Cosaques, conquérants de la Sibérie à la fin du XVIe siècle, avaient trouvé des traînées de tumulus soit de terre, soit de pierres, qui, au milieu de steppes complètement désertes, accompagnaient le cours des rivières. Dans l’Oural moyen, on en rencontrait aussi. Le plus grand nombre était de grandeur médiocre. Quelques-uns, magnifiquement construits en blocs de serpentin et de jaspe, affectaient la forme pyramidale et mesuraient jusqu’à cinq cents pieds de tour à la base (1)[1].

Dans le voisinage de ces sépultures, on remarquait, en outre, des restes étendus de circonvallations, des remparts massifs, et, ce qui est encore aujourd’hui d’une grande utilité pour les Russes, d’innombrables travaux de mines sur tous les points riches en or, en argent et en cuivre (2)[2].

Les Cosaques et les administrateurs impériaux du XVIIe siècle auraient fait peu d’attention à ces restes d’antiquités inconnues, sauf, peut-être, les ouvertures de mines, si une circonstance intéressante ne les avait captivés. Les Kirghizes étaient dans l’habitude d’ouvrir ces tombeaux, beaucoup d’entre eux en faisaient même un métier, et ce n’était pas sans raison.



(1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. II, p. 332 et pass., p. 336.

(2) La limite des tombeaux et des mines tchoudes s’arrête vers le nord, au 58° ; et, du côté du sud, elle descend jusqu’au 45°. L’extension de l’est à l’ouest va depuis l’Amour moyen jusque sur le Volga, jusqu’au pied oriental de l’Oural. (Ritter, ibid., p. 337.)


  1. (1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. II, p. 332 et pass., p. 336.
  2. (2) La limite des tombeaux et des mines tchoudes s’arrête vers le nord, au 58° ; et, du côté du sud, elle descend jusqu’au 45°. L’extension de l’est à l’ouest va depuis l’Amour moyen jusque sur le Volga, jusqu’au pied oriental de l’Oural. (Ritter, ibid., p. 337.)