Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/588

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vis-à-vis d’une autre tribu iranienne, celle des Perses, de sorte que, par droit de supériorité ethnique, la souveraineté de l’Asie fut enlevée aux compagnons de Cyaxare, et passa dans la branche demeurée plus ariane. Un prince qui, par son père, appartenait à la nation perse, par sa mère à la maison royale de Déjocès, Cyrus, vint se substituer à la ligne directe et donner à ses compatriotes la supériorité sur la tribu fondatrice de l’empire et sur toutes les autres familles consanguines. Il n’y eut pas cependant substitution absolue : les deux peuples se trouvaient unis de trop près ; il s’établit seulement, entre les dominateurs, une nuance, et qui encore ne dura pas longtemps ; car les Perses comprirent la nécessité de soumettre leur vigueur un peu inculte à l’école des Mèdes plus expérimentés. Ainsi, il se trouva bientôt que les rois de la maison de Cyrus (1)[1] ne se faisaient aucun scrupule de placer les plus habiles de ces derniers aux premiers rangs. Il y eut donc partage réel du pouvoir entre les deux tribus souveraines et les autres peuples iraniens plus sémitisés (2)[2]. Quant aux Sémites et autres groupes chamitisés ou noirs formant l’immense majorité des populations soumises, ils ne furent que le piédestal commun de la domination zoroastrienne.



(1) Les noms des premiers souverains perses sentent fortement la primitive identité des notions zoroastriennes avec les Hindous, et même avec les autres branches arianes. C’est ainsi que le père des Achéménides s’appelait Kourou, comme le chef des Kouravas blancs que nous avons vus envahir l’Inde à une époque très ancienne. Plus tard, Cambyse est nommé, dans l’inscription cunéiforme de Bi-Soutoum, Ka(m)budya, comme la tribu des kschattryas dissidents, habitant la rive droite de l’Indus, les Kambodyas. (Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 598.) — Il est curieux de remarquer que les habitants de l’Hindou Koh se nomment aujourd’hui Kamodje. Avant les conquêtes des Afghans, leur territoire allait jusqu’à l’Indus. (Lassen, Zeitschrift f. d. K. d. Morgenl., t. II, p. 56 et passim.)

(2) Il faudrait même admettre que les Bactriens, ce rameau le plus anciennement civilisé de la famille zoroastrienne, eurent leur part de suprématie sous la dynastie de Darius, si l’on adoptait l’idée de M. Roth. Ce savant a avancé que les Achéménides étaient des vassaux bactriens des rois perses. (Roth, Geschichte der abendlændischen Philosophie (Mannheim, 1846, in-8o), t. I, p. 384 et passim.) Cependant, cette hypothèse a besoin d’être encore étudiée.


  1. (1) Les noms des premiers souverains perses sentent fortement la primitive identité des notions zoroastriennes avec les Hindous, et même avec les autres branches arianes. C’est ainsi que le père des Achéménides s’appelait Kourou, comme le chef des Kouravas blancs que nous avons vus envahir l’Inde à une époque très ancienne. Plus tard, Cambyse est nommé, dans l’inscription cunéiforme de Bi-Soutoum, Ka(m)budya, comme la tribu des kschattryas dissidents, habitant la rive droite de l’Indus, les Kambodyas. (Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 598.) — Il est curieux de remarquer que les habitants de l’Hindou Koh se nomment aujourd’hui Kamodje. Avant les conquêtes des Afghans, leur territoire allait jusqu’à l’Indus. (Lassen, Zeitschrift f. d. K. d. Morgenl., t. II, p. 56 et passim.)
  2. (2) Il faudrait même admettre que les Bactriens, ce rameau le plus anciennement civilisé de la famille zoroastrienne, eurent leur part de suprématie sous la dynastie de Darius, si l’on adoptait l’idée de M. Roth. Ce savant a avancé que les Achéménides étaient des vassaux bactriens des rois perses. (Roth, Geschichte der abendlændischen Philosophie (Mannheim, 1846, in-8o), t. I, p. 384 et passim.) Cependant, cette hypothèse a besoin d’être encore étudiée.