Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le texte de l’historien, peu précis en cette occasion, se prête sans doute à des ambiguïtés. Il peut avoir voulu dire qu’il existait sur cet espace des dialectes chananéens et des dialectes kymriques. Toutefois une telle explication, n’étant qu’hypothétique, ne s’impose pas inévitablement, et on est autorisé à la prendre encore dans un autre sens non moins vraisemblable.

Les usages religieux de la Grèce primitive offrent plusieurs particularités absolument étrangères aux habitudes kymriques, par exemple, celle qui existait à Pergame, à Samos, à Olympie, de construire des autels avec la cendre des victimes mêlée de monceaux d’ossements incinérés. Ces monuments dépassaient quelquefois une hauteur de cent pieds (1)[1]. Ni en Asie, chez les Sémites, ni en Europe, chez les Celtes, nous n’avons rencontré trace d’une pareille coutume. En revanche, nous la trouvons chez les nations slaves. Là, il n’est pas une ruine de temple qui ne nous montre son tas de cendres consacré, et souvent même ce tas de cendres, entouré d’un mur et d’un fossé, forme tout le sanctuaire (2)[2]. Il devient ainsi très probable que parmi les aborigènes kymriques il se mêlait aussi des Slaves. Ces deux peuples, si fréquemment unis l’un à l’autre, avaient ainsi succédé aux Finnois, jadis parvenus en plus ou moins grand nombre sur ce point du continent, et s’étaient alliés à eux dans des mesures différentes (3)[3].

Je ne trouve plus dès lors impossible que, dans les grandes révolutions amenées par la présence des colons sémites et des conquérants arians-titans, puis arians-hellènes, des fugitifs



(1) Pausanias, in-8o, Lips., 1823, t. II, chap. XIII — « Olympii quidem Jovis ara pari intervallo a Pelopis et Junonis æde distat ... Congesta illa est e cinere collecta ex adustis victimarum femoribus. Talis et Pergami ara est, talis Samiæ Junonis, nihilo illa quidem ornatior quam in Attica quos Rudes appellant focos. Aræ olympicæ una crepido ... ambitum peragit centum et amplius quinque et viginti. »

(2) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. 236 et pass.

(3) Les collines de sacrifices, de création slave se trouvent avec abondance jusqu’en Servie. M. Troyon pense qu’il faut en faire remonter l’époque au Ve et VIe siècle de notre ère seulement. En tout cas, c’est un mode de construction fort antique et tout à fait semblable aux autels d’Olympie et de Samos.

  1. (1) Pausanias, in-8o, Lips., 1823, t. II, chap. XIII — « Olympii quidem Jovis ara pari intervallo a Pelopis et Junonis æde distat ... Congesta illa est e cinere collecta ex adustis victimarum femoribus. Talis et Pergami ara est, talis Samiæ Junonis, nihilo illa quidem ornatior quam in Attica quos Rudes appellant focos. Aræ olympicæ una crepido ... ambitum peragit centum et amplius quinque et viginti. »
  2. (2) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. 236 et pass.
  3. (3) Les collines de sacrifices, de création slave se trouvent avec abondance jusqu’en Servie. M. Troyon pense qu’il faut en faire remonter l’époque au Ve et VIe siècle de notre ère seulement. En tout cas, c’est un mode de construction fort antique et tout à fait semblable aux autels d’Olympie et de Samos.