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conquête de tout ce qu’ils voudraient prendre semblait d’avance leur être assurée.

Ils s’étendirent à leur aise. Ils placèrent des villes là où il leur plut. Ils traitèrent les Pélasges italiotes ainsi que leurs pères avaient traité les parents de ceux-ci dans l’Hellade. Ils les subjuguèrent ou les forcèrent de reculer, quand ils ne se mêlèrent pas à eux, comme il en advint avec les Osques. Ceux-ci, atteints, d’assez bonne heure, par l’alliage hellénique sémitisé, portèrent témoignage de cette situation dans leurs mœurs comme dans leur langue. Plusieurs de leurs tribus cessèrent d’être, à proprement parler, aborigènes. Elles offrirent un spectacle analogue à celui que présentèrent plus tard, vers le milieu du IIe siècle avant notre ère, les gens de la Provence soumis à l’hymen romain. C’est ce qu’on appelle la seconde formation des Osques (1)[1].

Mais la plupart des nations pélasgiques éprouvèrent un traitement moins heureux. Chassées de leurs territoires par les colonisateurs hellènes, il ne leur resta que l’alternative de se porter sur des groupes de Sicules, établis un peu plus au nord dans le Latium (2)[2], et elles se mêlèrent à eux. L’alliance, ainsi conclue, se renforça graduellement (3)[3] de nouvelles victimes des colons grecs. À la fin, cette masse confuse, ballottée et pressée de tous côtés par des rassemblements rivaux, et surtout par des Sabins, demeurés plus Kymris que les autres, et, par conséquent, supérieurs en mérite guerrier aux Osques déjà sémitisés, comme aux Sicules demi-Ibères, comme aux Rasènes demi-Finnois, cette masse confuse, dis-je, recula pied à pied, et, un millier d’années à peu près avant l’ère chrétienne, s’en alla chercher un refuge en Sicile.

Voilà ce qu’on sait, ce que l’on peut voir des plus anciens actes de la population primitive de l’Italie, population qui, en général, échappe à l’accusation de barbarie, mais qui, à l’instar des Celtes du nord, bornait sa science sociale à la recherche



(1) O. Muller, die Etrusker, p. 45.

(2) Ibidem.

(3) Ammien Marcellin affirme (I, 15, 9) que les aborigènes du Latium étaient des Celtes.

  1. (1) O. Muller, die Etrusker, p. 45.
  2. (2) Ibidem.
  3. (3) Ammien Marcellin affirme (I, 15, 9) que les aborigènes du Latium étaient des Celtes.