Aller au contenu

Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

z-vous le tiers-état avec la noblesse. Sans entrer dans le détail de ses aventures, il en vint à la République un sujet : l’affaire était encore nouvellement répandue à notre arrivée. Le père, n’ayant pu cacher les passetemps de sa fille, plutôt que de la marier avec celui qui sans son ordre était entré dans sa famille, aima mieux répandre le bruit qu’un cordon bleu de Versailles, en passant par chez lui, en avait été l’auteur. Ainsi Romulus était fils du dieu Mars ; ainsi beaucoup d’autres qu’on a encore fait de meilleure famille, n’ont-ils eu pour père que des Jérôme Blutot, tel était le nom du jeune homme.

Depuis ses couches, Mlle des Bercailles ne pouvait plus souffrir celui à qui elle avait l’obligation de la maternité : elle l’avait congédié : j’ai su qu’elle avait rempli sa place en fille sage et qui ne changeait que pour trouver mieux.

Le pauvre garçon, qui n’était pas si intelligent, se désespérait ; il en parla à un fermier de ses amis qui lui donna la connaissance d’un berger qui, suivant l’attestation de toute la nation picarde, était sorcier et avait un grimoire comme un curé. C’est une remarque certaine et infaillible : moins les peuples sont sorciers, plus il s’en trouve parmi eux. Blutot fut le trouver. Le drôle, après s’être fait prier, supplier, conjurer et payer, lui donna dans une fiole une liqueur et lui ordonna de la mêler dans la boisson de celle dont il voulait regagner le cœur. Notre fermier se saisit de l’ampoule et attendait avec impatience le moment de s’en servir, il se présenta enfin.

Une fête de paroisse étant arrivée, le curé y invita toute notre maison, et, pour nous faire honneur rassembla quelques gentilshommes, plusieurs curés, et M. Blutot s’y trouva ainsi que son ancienne maitresse.