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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/148

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et que ces livres étaient les Voyages de Paul Lucas, que c’était un entêtement de sa part de n’avoir pas voulu les montrer : que preuve que ce n’était pas de mauvais ouvrages, c’est que M. le grand Vicaire n’y avait rien trouvé de fort blâmable. La curiosité de la sœur ainsi remplie par l’adresse de Laverdure, on lui permit de parler à Rozette qui commençait à s’impatienter : ce n’était pas encore le temps.

Depuis plusieurs jours Laverdure s’était absenté de chez son maitre qui s’en était aperçu. Le président en avait voulu savoir la raison, et quelle intrigue avait son domestique ; il n’avait pu rien tirer de la vérité. Enfin il s’avisa de le faire suivre, et, après bien des soins, il fut informé qu’il se travestissait en femme et qu’il allait de temps à autre dans la communauté de Sainte-Pélagie. M. de Mondorville affecte un air aisé avec Laverdure et prend la résolution de lui donner une belle peur. Pour cet effet, il lui dit un matin qu’il était le maitre de se promener toute la journée après lui avoir donné quelques commissions, et qu’il n’avait qu’à se trouver le soir, chez la marquise de Saint-Laurent à l’attendre. Le domestique profita de la liberté qui lui était accordée et, vers son heure accoutumée, il se disposa à aller rendre visite à Rozette. Le président, qui avait un espion affidé, fut averti que son drôle, revêtu de son équipage féminin, était en route pour se rendre à Sainte-Pélagie : il écrit aussitôt à la supérieure qu’il y avait un homme déguisé en femme qui s’était introduit dans sa communauté et que le loup pouvait causer un grand ravage dans la maison du Seigneur ; que cet homme commettait un si grand crime depuis plusieurs semaines. La prieure reçoit cet avertissement, et tremble en le lisant, elle fait avertir le commissaire ; celui-ci se transporte