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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/149

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au plus tôt au couvent, accompagné d’archers et on se saisit de six personnes qui étaient alors au parloir. Malheureusement il s’en trouva une qui, à son air peu féminin, fut soupçonnée d’avoir voulu déguiser son sexe. On la prend, on la saisit malgré sa résistance et les protestations qu’elle fait qu’elle est femme d’honneur et n’a rien fait qui la puisse mettre entre les mains d’un commissaire. On la traine dans un endroit secret : il fallait entendre les cris que poussait cette nouvelle Lucrèce lorsqu’un sergent se mit en devoir de vérifier l’accusation intentée contre elle. En pareille rencontre, il n’y a pas de personnes qui se défendent mieux que celles à qui il serait impossible de rien prendre. Enfin l’examinateur avec un grand cri assura à toute l’assemblée que Mme Bourut (c’était son nom) n’était point un homme et que sa physionomie en avait imposé. Pour cette fois, le commissaire ne fit pas une plus ample perquisition et se dispensa volontairement d’une descente sur les lieux. On fit la visite de la maison, on ne trouva rien de suspect et toute la justice se retira après avoir averti la supérieure que, dans de pareilles occurrences, il ne fallait pas trop s’alarmer, et que sur un simple avis on ne mettait pas tant d’honnêtes gens en alarmes pour une affaire où l’on ne tirait pas ses frais. La compagnie se retira et M. le président, informé de la rumeur qui était arrivée à Sainte-Pélagie, attendait qu’on vint le demander de la part de Laverdure, lorsqu’il entra avec son air tranquille et délibéré et rendit compte de ce dont il avait été chargé. M. de Mondorville ne lui parla de rien et n’en était pas moins curieux de savoir comment il s’était tiré de ce mauvais pas. Sans doute vous avez la même curiosité, cher marquis, il n’avait eu aucune peine à se délivrer de l’embarras, il ne s’y était point trouvé.