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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/82

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robe aussi de taffetas bleu flottait au souffle des zéphyrs.

Le souper n’était pas encore prêt. Nous entrâmes dans sa chambre. Les rideaux du lit étaient fermés, et les bougies placées sur la toilette, de sorte que la lumière ne réfléchissait pas sur toute la chambre. Nous passâmes vers le côté obscur. Je me jetai sur un fauteuil, et.la tenant entre mes bras, je lui tenais les discours les plus tendres. Elle y répondait par de petits baisers et par des caresses délicates : ainsi peint-on les colombes de Vénus. Tu veux donc, dit-elle, après quelques instants de recueillement, que je te donne du plaisir ? Petit libertin ! N’allez pas faire venir Mlle de Noirville, lui répliquai-je. Non, non, ajouta-t-elle : ce n’est plus le temps, j’ai eu mes raisons pour le faire ; d’autres circonstances exigent d’autres soins. En discourant ainsi et badinant toujours, nous gagnâmes le lit, je l’y poussai délicatement en la serrant entre mes bras. Approchez ces deux chaises, dit-elle, puisque vous le voulez absolument. J’obéis. Elle mit ses deux jambes dessus, l’une d’un côté, l’autre de l’autre, et sans sortir de la modestie, sinon par la situation, elle m’agaça par mille figures.

Mes mains ardentes écartaient déjà le voile qui... Tout doucement, beau conseiller, dit-elle, donnez-moi ces mains-là. Je les placerai moi-même ; elle les mit sur deux pommes d’albâtre, avec défense d’en sortir sans permission. Elle voulut bien elle-même arranger le bouquet que je destinais pour son sein. Elle m’encouragea alors avec un signal dont vous vous doutez ; je croyais qu’elle agissait de bonne foi. En conséquence je me donnais une peine très sincère pour parvenir à mes fins, elle faisait semblant de m’aider ; la simplicité était chez moi, et la malice dans toute sa conduite.