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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/95

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son précepteur était un maitre de pension du voisinage nommé M. Damon, celui chez qui nous avons demeuré ensemble, et qui criait perpétuellement contre les femmes, et qui nous étrillait si souvent pour des bagatelles. Le pauvre maitre de pension fut conduit en présence de l’assemblée. Je ne pus m’empêcher de rire lorsque le commissaire me fit la peinture des contorsions que faisait le nouvel Adam pour couvrir son honneur. Celui du plus honnête homme n’est fort considérable en pareille rencontre. Il ne tient pas une grande place dans le monde. Presque dans l’état de pure nature, avec une chemise extrêmement courte, les menottes aux mains, il eût été très satisfait de profiter des feuilles de figuier qui servirent à nos premiers pères.

On n’abusa point de l’état où était ce pédagogue, on lui restitua ses vêtements, et mon père lui fit une mercuriale très sévère suivant l’exigence du cas, et blâma fort l’exempt qui, par forme de correction fraternelle, avait détaché plusieurs coups de discipline sur le postérieur du patient : peut-être lui rendait-il ce qu’il en avait reçu autrefois.

Cette scène finit en s’informant à la dévote, si elle n’avait point entendu parler de Rozette. Qui les dévotes ne connaissent-elles pas ! Elle enseigna ce qu’on lui demandait, et se voyant délivrée, par le plus affreux caractère, elle fit le récit de la conduite de Rozette et la peignit avec les plus noires couleurs. Il n’y a qu’une dévote capable d’une semblable noirceur. Elle fut assez hardie pour s’offrir d’y conduire mon père, ce qu’elle fit. Je la tiens maintenant enfermée, la malheureuse, elle y demeurera longtemps et ma vengeance se fera une satisfaction de ses pleurs. On renvoya le pédant, et on lui dit de venir chercher