Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/75

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cours de nos pensées, et j’avais mille moyens de chasser l’ennui par les plus agréables rêveries. Outre cela, pour quelqu’un qui méditait des projets de la nature de ceux que je roulais dans ma tête, la solitude a des avantages particuliers. À peine fus-je laissé à moi-même, que je me mis à faire l’expérience d’une idée qui m’était venue pendant le temps qu’on m’attachait les menottes ; avec le seul secours de mes dents, je me délivrai de cette entrave. Les heures auxquelles les geôliers me visitaient étaient fixes, et j’avais soin de me tenir sur mes gardes. Ajoutez à cela, que j’avais une fenêtre à barreaux fort étroite, près du plafond, de neuf pouces environ de hauteur perpendiculaire, et d’un pied et demi de large, qui, toute petite qu’elle était, me donnait beaucoup plus de jour que je n’avais été accoutumé d’en avoir pendant plusieurs semaines. Au moyen de cela, je ne me trouvais presque jamais dans une obscurité totale, et j’étais plus à l’abri des surprises que dans ma situation précédente. Toutes ces idées se présentèrent à moi aussitôt après mon entrée dans ma nouvelle demeure.

Il y avait très-peu de temps qu’on m’avait changé de local, lorsque je reçus une visite bien inattendue, celle de Thomas, ce domestique de M. Falkland, dont j’ai déjà eu occasion de parler dans le cours de mon histoire. Un des gens de M. Forester était par hasard venu à la ville, quelques semaines auparavant, dans le temps où je souffrais encore de la blessure de ma chute, et il avait demandé à me voir. Le rapport qu’il avait fait de ma situation avait été