Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/189

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lui-même. Je ne dis pas précisément qu’il hésita, mais il eut l’air de se croire obligé, par une courte apologie, de se justifier sur cette communication :

« Je vois, dit-il, que vous n’avez jamais entendu parler de cet événement mémorable, et je ne m’en étonne guère ; car on est assez disposé à se taire là-dessus par bienveillance, puisqu’on regarde comme une sorte de déshonneur pour un homme d’avoir eu à repousser une accusation criminelle, quand même il aurait eu la défense la plus complète et la plus honorable à opposer. Vous pouvez bien présumer que le silence le plus absolu sur cette matière est ce qu’il peut y avoir de plus agréable pour M. Falkland, et, sans les circonstances particulières qui m’y ont déterminé, je ne me serais jamais permis d’agir aussi directement contre ses intentions en vous en parlant. »

Il se mit ensuite à me lire le papier qu’il avait, et qui était ainsi conçu :


« Messieurs,

« Je parais devant vous, accusé du crime le plus noir que puisse commettre une créature humaine. Je suis innocent ; je ne crains pas qu’il y ait dans cette assemblée une seule personne à laquelle je ne fasse reconnaître mon innocence. Mais en même temps quels doivent être mes sentiments ? Certain d’avoir mérité l’approbation et non le blâme, d’avoir consacré toute ma vie à des actes de justice et d’humanité, peut-il y avoir pour moi rien de plus déplorable que d’avoir à repous-