Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tience de ce principe de curiosité qui dominait toutes mes pensées, semblaient rendre inévitable la détermination à laquelle je m’arrêtais.

Pendant que j’étais au jardin, il survint un incident qui ne fit pas grande impression sur moi pour le moment, mais que je me rappelai quand le mouvement de mes idées fut un peu ralenti. Au milieu d’une de mes exclamations involontaires et quand je me croyais absolument seul, il me sembla voir passer rapidement, à quelque distance de moi, comme l’ombre d’un homme qui cherchait à m’éviter. Quoique j’eusse à peine pu l’entrevoir, cependant il y avait quelque chose dans les circonstances du moment qui me fit croire que ce devait être M. Falkland. La seule possibilité qu’il eût pu entendre les paroles qui m’étaient échappées me fit frissonner. Mais, quelque alarmante que fût cette idée, elle n’eut pas cependant la force d’arrêter sur-le-champ le cours de mes réflexions. Néanmoins, des circonstances subséquentes la rappelèrent encore à mon esprit. À peine me resta-t-il un doute sur la réalité quand je vis arriver l’heure du dîner, sans qu’il fût possible de trouver M. Falkland. Le souper et la nuit se passèrent de même. La seule conclusion qu’en tirèrent ses domestiques, c’est qu’il était allé, comme à son ordinaire, faire une de ses promenades mélancoliques.