Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/299

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il avait un rendez-vous pour régler quelques affaires indispensables, avec l’intention de repartir aussitôt que les affaires seraient terminées, sachant bien que cette façon d’agir serait la plus agréable à M. Falkland. Mais il avait trouvé toute la maison en émoi, parce qu’on venait d’avoir depuis quelques heures la première alerte de mon évasion. M. Falkland avait dépêché des domestiques à ma poursuite sur tous les points, et il en était revenu un au moment de l’arrivée de M. Forester, portant la nouvelle qu’une personne conforme au signalement donné, avait été vue le matin à la ville, demandant une voiture pour Londres.

M. Falkland avait paru extrêmement troublé de ce rapport, et s’était emporté contre moi avec la dernière aigreur, m’appelant le plus ingrat et le plus dénaturé coquin du monde.

« Monsieur, avait repris M. Forester, prenez un peu plus garde à ce que vous dites ; c’est un terme bien dur que celui de coquin, et il ne faut pas s’en servir légèrement. Les Anglais sont libres, et un homme ne doit pas être appelé coquin pour avoir voulu chercher une autre manière de gagner sa vie. »

M. Falkland avait secoué la tête, et, avec un sourire plein d’amertume : « Mon frère, mon frère, avait-il dit, vous êtes la dupe de ses artifices. Pour moi, il m’a toujours été suspect, et je me doutais de la perversité de son caractère ; mais je viens de découvrir…

— Arrêtez, monsieur, avait interrompu M. Forester ; je croyais, je l’avoue, que dans un moment