Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/62

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M. Tyrrel ; pourquoi, diable, me pressez-vous comme cela ? Il faut, pardieu, que vous ayez là-dessous quelque intention de me faire donner dans le piége.

— Mon intention, répliqua M. Falkland, est franche et honnête. Pourquoi voudriez-vous vous refuser à une proposition dictée par la raison et conforme également à votre intérêt comme au mien ? »

M. Tyrrel avait eu le temps de se remettre, et il était revenu à son caractère habituel.

« Bien, bien, monsieur ; je dois convenir qu’il y a là quelque franchise. Et moi je vais de mon côté vous rendre la pareille : mon humeur est un peu rude, n’importe pourquoi ni comment ; je n’aime pas à être contrôlé. Peut-être trouverez-vous que c’est une faiblesse ; mais, certes, je ne me changerai pas, je vous en réponds. Avant que vous vinssiez dans ce pays, j’y vivais fort bien, j’aimais mes voisins, et j’étais bien vu d’eux. À présent, c’est tout autre chose, et c’est à vous que je m’en prends. Tant que je ne pourrai faire un pas hors de chez moi sans vous trouver sur mon chemin et sans endurer tous les jours quelque nouvelle mortification, où vous êtes toujours pour quelque chose de près ou de loin, je suis résolu à vous haïr. Ainsi, monsieur, si vous voulez vous en aller hors du pays, du royaume même, ou au diable, si cela vous fait plaisir, pourvu que je n’entende plus parler de vous, je vous donne ma parole de ne pas vous chercher la moindre querelle de ma vie. Alors on pourra prôner vos vers,