Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/87

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nation peinte sur le visage. Aussitôt qu’elle put assez revenir à elle pour prendre une idée de sa situation, le sujet de ses alarmes sembla en un instant totalement changé. « Où est ma fille ? » s’écria-t-elle en jetant un œil perçant et inquiet dans la foule autour d’elle. « Ah ! elle est perdue ! elle est au milieu des flammes ! sauvez-la, sauvez-la, ma fille ! » et elle remplissait l’air de ses cris déchirants. Elle retourne vers la maison ; les gens qui étaient auprès d’elle tâchent de l’arrêter ; mais elle se débarrasse d’eux en un moment, elle entre dans l’allée, jette un coup d’œil sur l’horrible amas de ruines, et court se plonger dans l’escalier embrasé. M. Falkland la voit, la suit et la retient par le bras ; c’était Mrs. Jakeman. « Arrêtez ! » cria-t-il d’une voix à la fois imposante et secourable. Restez là ; je vais la chercher, la sauver. » Mrs. Jakeman obéit. M. Falkland charge ceux qui étaient présents de la retenir, et s’informe où était la chambre d’Émilie. Mrs. Jakeman était venue voir une sœur qui demeurait dans ce village, et elle avait amené Émilie avec elle. M. Falkland monte dans la maison voisine, et s’élance, par une fenêtre du toit, dans la maison où est Émilie ; au moment où il la trouva, elle venait de se réveiller et, commençant à s’apercevoir du danger qu’elle courait, elle avait jeté sur elle à la hâte une partie de ses vêtements ; telle est chez les femmes l’effet irrésistible de l’habitude, mais, cela fait, elle s’était mise à promener autour d’elle les yeux égarés du désespoir. Ce fut alors que M. Falkland entra dans la chambre : elle se