Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/164

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heur s’attache à vos pas, et le malheur sans relâche, sans espoir, sans pitié ».

En disant ces mots M. Falkland pique des deux, quitte brusquement la place et disparaît bientôt. Ses maximes favorites sur le point d’honneur n’avaient pu tenir contre l’excès de son indignation, et il n’avait vu dans son voisin qu’un misérable avec lequel on ne pouvait se mesurer sans s’avilir. Pour celui-ci, il demeura sans mouvement et comme pétrifié. Le feu toujours croissant de la sortie que venait de faire M. Falkland aurait anéanti l’adversaire le plus déterminé. En dépit de lui-même, M. Tyrrel se sentit frappé de l’aiguillon du remords, et hors d’état de repousser les traits dont on l’accablait. L’affreux tableau que lui avait présenté M. Falkland avait quelque chose de prophétique. Il y lisait tout ce qui formait l’objet principal de ses craintes, et ce qu’en secret il croyait déjà commencer à éprouver. L’empreinte de ce tableau était déjà