Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
( 177 )

Il jeta les yeux, pour son dessein, sur un jeune homme de vingt ans, fils d’un certain Grimes qui tenait une petite ferme dans la seigneurie de son ami. Ce fut ce garçon qu’il résolut de donner pour mari à miss Melville, soupçonnant dans sa malice, qu’entraînée par les sentimens de tendresse qu’elle avait malheureusement conçus pour M. Falkland, elle ne recevrait une proposition de mariage qu’avec une extreme repugnance. Il choisit Grimes comme étant, sous tous les rapports, diametralement l’opposé de M. Falkland. Ce n’était pas précisement un garçon qui eut des inclinations vicieuses, mais il était grossier et rustre au dernier point. Son teint était d’une couleur bise et tannée, sa voix rauque, tous ses traits durs et singulièrement discordans. Enfin, d’un bout à l’autre, rien n’était plus repoussant que toute sa personne. Il n’avait rien de méchant dans le caractère, mais il était tout-à-fait incapable de ten-