Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
( 179 )

sentir à Emilie; son heureuse nullité lui avait tenu lieu de protection : personne n’avait imaginé qu’elle valût la peine qu’on employât pour elle ces gênes continuelles et ces nombreuses entraves dont on tourmente les filles nées dans l’opulence. Elle avait la farouche vivacité ainsi que la délicatesse d’organe de l’oiseau qu’on laisse paisiblement gazouiller à son aise dans les bosquets qui l’ont vû naître.

Quand elle entendit donc son cousin lui proposer M. Grimes pour mari, elle resta pour un moment muette de surprise; mais des qu’elle eut recouvré la parole, elle repondit : « Non, monsieur, je vous remercie. Dieu merci ! Je n’ai pas besoin de mari ».

— « Si fait, vous en avez besoin ! n’êtes-vous pas toujours à courir après les hommes ? Il est bien temps de vous établir ».

— « Et M. Grimes, encore ! Non, non, s’il vous plait, Si j’ai jamais un