Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/24

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du monde ; jamais je n’avais eu occasion de me présenter devant une personne d’un rang aussi élevé, et je ne pus me défendre, dans cette circonstance, d’un peu d’embarras, mêlé de crainte. Je trouvai dans M. Falkland, un homme d’une petite taille, ayant toutes les formes extrêmement délicates. Au lieu de ces visages rudes et sans flexibilité que j’avais l’habitude de voir, c’était une physionomie expressive au dernier point, où il n’y avait pas un muscle, pas le plus petit trait qui ne fût prêt à parler. Ses manières étaient douces, pleines d’attention et de bonté : ses yeux pétillaient de vivacité, mais il régnait dans son maintien, une sorte de réserve et de dignité, je ne sais quoi de profond et de mélancolique, que mon peu d’expérience me fit regarder comme une prérogative attachée à sa haute naissance, et comme un moyen donné aux grands pour maintenir la distance qui les sépare des autres hom-