Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/61

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Madame Tyrrel se figurait qu’il n’y avait rien au monde d’aussi précieux que son cher Barnabas. Rien ne lui était refusé ; tout était fait pour lui ; chacun devait obéir servilement à ses volontés ; il n’était pas fait pour être assujetti à aucune gêne, à aucunes formes pour son instruction ; aussi ses progrès furent-ils fort lents, même pour la lecture et l’écriture. Il était né très-robuste et très-brutal ; tant qu’il resta confiné dans la ruelle de sa mère, il avait tout l’air d’un petit lionceau qu’on élève à la brochette. Mais il rompit bientôt ses lisières, et il se lia intimement avec le palfrenier et le garde-chasse. Sous ces deux maîtres, il montra d’aussi heureuses dispositions qu’il avait fait voir d’indocilité ou de répugnance sous le pédant qui lui servait de précepteur. Il était dès-lors bien évident, qu’il ne fallait pas attribuer à un défaut de capacité son peu de progrès dans les arts littéraires. On ne put