Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/68

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massue pour une quenouille, était le spectacle le plus séduisant pour leur vanité. Elles étaient enchantées de sentir qu’elles pouvaient en toute sécurité badiner avec les griffes terribles de ce lion, dont la seule idée portait l’épouvante dans le cœur des plus vaillans.

Tel était le rival que les caprices du sort avaient destiné à l’aimable Falkland. C’était une sorte de bête farouche qui allait empoisonner pour jamais la destinée de l’homme le plus fait pour jouir du bonheur et pour le répandre autour de soi. La haine qui s’éleva entr’eux fut nourrie par le concours de différentes circonstances jusques à ce qu’enfin elle devint extrême ; et c’est parce qu’ils ont été l’un pour l’autre un ennemi mortel, que je me suis vu moi-même le plus détesté et le plus misérable des hommes.

L’arrivée de M. Falkland porta un terrible coup à l’autorité de M. Tyrrel. Le premier n’était nullement disposé à