Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naient tous à sa confusion, il ressentait, de la manière la plus cruelle les moindres succès de son rival, même dans des genres où personnellement il n’avait pas lui-même la plus légère prétention. Il s’en présenta bientôt un exemple.

M. Clare, ce poète célèbre, dont les ouvrages ont couvert d’un honneur immortel le pays qui lui a donné naissance, était venu depuis peu dans ce canton, pour y jouir du fruit de son économie et de sa gloire, après une longue vie consacrée aux plus sublimes productions du génie. Un homme d’un mérite aussi rare, n’était vu qu’avec une sorte de vénération par tous les gentilshommes du pays. Le lecteur connaît les ouvrages de ce poète illustre ; souvent sans doute ils les a goûtés avec délices, et je n’ai pas besoin d’en vanter le mérite. Mais peut-être ne connaît-il pas de même les qualités personnelles de M. Clare ; peut-être ne sait-il pas