Aller au contenu

Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que sa conversation était presque aussi digne d’admiration que les productions de sa plume. Dans la société, il paraissait le seul qui ne connût pas toute l’étendue de sa réputation. Ses écrits demeureront long-temps comme une preuve éclatante de ce que l’esprit humain est capable d’atteindre dans ses compositions ; mais personne n’a su apercevoir, avec autant de sagacité que lui, les défauts qui s’y trouvaient ou ce qui restait encore à y faire. Lui-seul semblait porter sur ses ouvrages un œil de supériorité et d’indifférence. Un des traits qui le distinguait le plus, c’était une douceur de mœurs inaltérable, une élévation d’ame qui lui faisait voir les fautes des autres sans le plus petit mélange de ressentiment, et qui rendait impossible pour qui que ce fût d’être son ennemi. Il indiquait aux hommes leurs erreurs franchement et sans réserve ; sa censure excitait la surprise et entraînait la conviction, mais