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Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/87

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l’extrémité de ce cercle : on croira bien qu’il n’avait pas vu avec plaisir le tour qu’avait pris la conversation. Il paraissait vouloir se retirer ; mais il y avait comme un pouvoir inconnu qui le retenait, pour ainsi dire, par enchantement à sa place, et qui l’obligea à avaler jusques à la lie le breuvage amer que lui avait préparé l’envie.

La pièce fut lue à la compagnie par M. Clare qui possédait, à un degré supérieur, le talent de bien lire. Son débit était plein de simplicité, d’intelligence et d’énergie, et on ne peut guères se faire une idée du plaisir qu’on trouvait à l’entendre. En conséquence, les beautés de l’Ode de M. Falkland parurent avec tout l’avantage possible. Les passions successives qui avaient animé l’auteur passèrent dans l’ame du lecteur. Chaque mot fut rendu dans toute sa valeur, et pas un ne fut relevé avec une emphâse exagérée ou dissonante : il fit ressortir toutes les