Page:Godwin - Vie et mémoires de Marie Wollstonecraft Godwin.djvu/86

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Tel paraît avoir été le caractère de cette femme singulière ; elle donna alors un libre cours à ses affections qu’elle avait été longtemps obligée de couvrir d’un voile mystérieux, et qui avaient acquis une nouvelle force par la contrainte. Son âme ingénue, étrangère à la défiance avait encore à acquérir une triste expérience de la corruption du genre-humain. Sa confiance, sa tendresse n’avaient pas de bornes.

Jouissant de la plus profonde tranquillité, elle voyait arriver, avec une joie prématurée, l’époque où, aux douces affections d’épouse, elle allait unir celles de mère ; son cœur tressaillait, ses chagrins passés s’effaçaient de sa mémoire, ou, si elle se les rappelait, c’était pour sentir plus vivement le prix