Page:Goethe-Nerval - Faust 1828.djvu/24

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D’un jour moins agité ramener le matin ?
Qui, le long du sentier, foulé par une amante,
Sème, du doux printemps, la parure éclatante ?
Qui sait, ennoblissant d’inutiles rameaux,
En faire un digne prix à d’utiles travaux,
Ou bien offrir aux arts la gloire imméritée ?.....
La puissance de l’homme en nous manifestée !

LE BOUFFON.

Des forces de l’esprit elle se sert toujours,
Et ses créations ressemblent aux amours :
On se voit par hasard, on se plaît, on s’enflamme,
Et bientôt on n’est plus maître de son âme.....
Puis, sitôt qu’au bonheur on se sent entraîné,
Le chagrin vient : voilà le roman terminé !
Tenez !..... c’est justement ce qu’il faut mettre en scène ;
Lancez-vous au milieu de l’existence humaine :
Tout y prend part, mais nul ne la connaît assez,
Et c’est en la peignant que vous intéressez.
Mettez un peu de clarté parmi beaucoup d’images,
D’un seul rayon de vrai colorez vos nuages ;
Alors, vous êtes sûr d’avoir tout surmonté ;
Alors, votre auditoire est ému, transporté ;
Vous voyez chaque soir la fleur de la jeunesse
Applaudir votre ouvrage et s’y mirer sans cesse.
Alors, tous de leurs cœurs vont y nourrir les feux,
Car vous représentez ce qu’ils sentent en eux.
Là, vous les trouvez prêts à pleurer comme à rire,
Et l’applaudissement tient presque du délire,