Page:Goethe-Nerval - Faust 1828.djvu/25

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À l’homme fait ceci ne pourrait convenir,
Mais comptez sur celui qui veut le devenir.

LE POÈTE.

Eh bien ! rends-moi ces tems de mon adolescence,
Où je n’étais moi-même encor qu’en espérance ;
Cet âge si fécond en chants mélodieux,
Tant qu’un monde pervers n’effraya point mes yeux ;
Tant que, loin des honneurs, mon cœur ne fut avide
Que des fleurs, doux trésors d’une vallée humide :
Un songe, un peu d’espoir, alors m’enrichissait,
Je ne possédais rien, mais rien me suffisait.
Rends-moi donc ces désirs, qui fatiguaient ma vie,
Ces chagrins déchirans, mais qu’à présent j’envie,
Ma jeunesse !.... En un mot, sache en moi ranimer
La force de haïr, et le pouvoir d’aimer.

LE BOUFFON.

Cette jeunesse ardente, à ton âme si chère,
Pourrait, dans un combat, t’être fort nécessaire,
Ou bien, si la beauté t’accordait un souris,
Si de la course encor tu disputais le prix,
Ou d’une heureuse nuit si tu cherchais l’ivresse.....
Mais toucher une lyre avec force et souplesse,
Au but qu’on te désigne arriver en chantant,
Vieillard, c’est là de toi tout ce que l’on attend.

LE DIRECTEUR.

Allons ! des actions !.... les mots sont inutiles ;
Gardez pour d’autres tems, vos compliments futiles :