Aller au contenu

Page:Goethe-Nerval - Faust 1828.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dire tous ces grands mots, autant vaut ne rien dire ;
Quand ma voix les prononcerait,
Je serais sûr de bien te faire rire,
Si pourtant ta grandeur ici se le permet.
Sur les mondes roulans, le soleil, et la terre,
Ainsi je ne te dirai rien ;
Mais tu sauras que, dans cette dernière,
Les hommes se tourmentent bien.
Le petit dieu du monde est toujours aussi drôle
Qu’au jour de la création,
Tant bien que mal jouant-son rôle ;
Mais, du flambeau divin, qu’il appelle raison,
Ne faisant bien souvent usage,
Que pour ajouter à ses maux,
Et pour ravaler ton image
Au rang des plus vils animaux.
Pour moi, je comparerais l’homme
(Sauf le respect que je te dois),
Aux insectes pattus, que cigales il nomme ;
De prés en prés, de bois en bois,
Dansant toujours la même danse,
Et chantant la même romance :
Ah ! qu’il ressemble bien à ces animaux-là !
Hors du chez soi, sans cesse il faut qu’il coure,…
Et s’il ne faisait que cela…
Mais non, pas un fumier où son nez ne se fourre.