Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/315

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les étudiants s’allaient mettre au lit, pas un ne put dormir ; car ils voulaient entendre l’issue. Mais, entre douze et une heure de nuit, il vint dans la maison un grand vent tempétueux qui l’ébranla de tous côtés, comme s’il eût voulu la faire sauter en l’air, la renverser et la détruire entièrement : c’est pourquoi les étudiants pensèrent être perdus, sautèrent hors de leurs lits, et se consolaient l’un l’autre, se disant qu’il ne sortissent point de la chambre. L’hôte s’encourut avec tous ses domestiques en une autre maison. Les étudiants, qui reposaient auprès du poêle, où était le docteur Fauste, y entendirent des sifflements horribles et des hurlements épouvantables, comme si la maison eût été pleine de serpents, couleuvres, et autres bêtes vilaines et sales : tout cela était entré par la porte du docteur Fauste dans le poêle. Il se leva pour crier à l’aide et au meurtre, mais avec bien de la peine et à demi-voix ; et, un moment après, on ne l’entendit plus. Comme donc il fut jour, et que les étudiants, qui n’avaient point dormi toute la nuit, furent entrés dans le poêle, où était le docteur Fauste, ils ne le trouvèrent plus, et ne virent rien, sinon le poêle tout plein de sang répandu : le cerveau s’était attaché aux murailles, d’autant que le diable l’avait jeté de l’une à l’autre. Il y avait là aussi ses yeux et quelques dents, ce qui était un spectacle abominable et effroyable. Lors les étudiants commencèrent à se lamenter et à pleurer, et le cherchèrent d’un côté et d’autre. À la fin, ils trouvèrent son corps gisant hors du poêle, parmi de la fiente, ce qui était triste à voir ; car le diable lui avait écrasé la tête et cassé tous les os.

Les susdits maîtres et étudiants, après que Fauste fut ainsi mort, demeurèrent auprès de lui jusqu’à ce qu’on l’eût enterré au même lieu ; après, ils s’en retournèrent à Wittenberg, et allèrent en la maison du docteur Fauste, où ils trouvèrent son serviteur Wagner, qui se trouvait fort mal, à cause de son maître. Ils trouvèrent aussi l’histoire de Fauste toute dressée et décrite par lui-même, comme il a été récité ci-devant, mais sans la fin, laquelle a été ajoutée des maîtres et étudiants. Semblablement