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POÉSIES ALLEMANDES

noble encore et plus brave battait sous l’habit grossier du paysan !

« Ma vie n’est pas à vendre pour de l’or ; je suis pauvre, mais je puis vivre ; donnez votre or au gardien du pont, car il a tout perdu. » Il dit ces mots d’un ton franc et modeste à la fois, ramassa son bâton, et s’en alla.

Retentis, chanson du brave homme, retentis au loin, plus haut que le son des orgues et le bruit des cloches. L’or n’a pu payer un tel courage ; qu’une chanson en soit la récompense ! Je remercie Dieu de m’avoir accordé le don de louer et de chanter, pour célébrer à jamais le brave homme !




LE FÉROCE CHASSEUR

Le comte a donné le signal avec son cor de chasse : « Halloh ! halloh ! dit-il ; à pied et à cheval ! » Son coursier s’élance en hennissant ; derrière lui se précipitent et les piqueurs ardents, et les chiens qui aboient, détachés de leur laisse, parmi les ronces et les buissons, les champs et les prairies.

Le beau soleil du dimanche dorait déjà le haut clocher, tandis que les cloches annonçaient leur réveil avec des sons harmonieux, et que les chants pieux des fidèles retentissaient au loin dans la campagne.

Le comte traversait des chemins en croix, et les cris des chasseurs redoublaient plus gais et plus bruyants… Tout à coup un cavalier accourt se placer à sa droite et un autre à sa gauche. Le cheval du premier était blanc comme de l’argent, celui du second était de couleur de feu.

Quels étaient ces cavaliers venus à sa droite et à sa gauche ? Je le soupçonne bien, mais je ne l’affirmerais pas ! Le premier, beau comme le printemps, brillait de tout l’éclat du jour ; le second, d’une pâleur effrayante, lançait des éclairs de ses yeux comme un nuage qui porte la tempête.