Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome I.djvu/555

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aussi résonne, afin que, si la fortune brille flamboyante, le héros se divinise dans la victoire.

Enfin il est indispensable que le poëte haïsse maintes choses. Ce qui est insupportable et laid, il ne doit pas l’accueillir comme le beau.

Si le chanteur sait combiner ensemble les forces primitives de ces quatre éléments, comme Hafiz, il répandra éternellement chez les hommes la joie et la vie.

Créer et vivifier.

Le père Adam était une motte de terre, que Dieu fit homme, mais il apportait du sein de sa mère bien de la rudesse encore.

Les Elohim lui insufflèrent dans les narines le plus pur esprit : alors il parut être quelque chose de plus et il commença à éternuer.

Mais, avec ses os et ses membres et sa tête, il n’était encore qu’une masse imparfaite, lorsque enfin Noé fit, pour l’imbécile, la véritable trouvaille, le jus de la vigne[1].

Aussitôt que la masse s’en est arrosée, elle sent l’impulsion soudaine, comme la pâte, sous l’influence du levain, se met en mouvement.

Hafiz, ainsi ton noble chant, ton saint exemple, nous conduisent, au bruit des verres, dans le temple de notre Créateur.

Phénomènes.

Quand Phébus se marie avec la nue pluvieuse, il se forme soudain un arc nuancé de diverses couleurs.

Je vois se dessiner dans le brouillard un cercle pareil ; l’arc est blanc, à la vérité, mais c’est un arc-en-ciel.

De même, vigoureux vieillard, ne te laisse pas aller à la tristesse : bien que tes cheveux soient blancs, tu aimeras encore.

Objet aimable.

Là-haut, quel objet bigarré me semble unir la colline avec le ciel ? La vapeur matinale offusque ma perçante prunelle.

Sont-ce les tentes que le vizir a dressées pour ses femmes

  1. Littéralement : « le hanap, la coupe. »