Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome I.djvu/567

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Livre de lecture.

Le livre des livres le plus étrange, c’est le livre de l’amour. Je l’ai lu attentivement : quelques feuillets de plaisirs, de longs chapitres de souffrances ; la séparation forme une section à part ; le revoir, un petit chapitre, un fragment ; des volumes de chagrin, allongés d’éclaircissements sans fin, sans mesure. Ô Nisami !… tu as enfin trouvé la bonne voie. L’insoluble, qui le résout ? Des amants qui se retrouvent.


Oui, c’étaient là les yeux, c’était la bouche, dont j’avais les regards, les baisers ; taille élancée, formes arrondies, comme pour les joies du paradis. Était-elle ici ? Où est-elle disparue ? Oui, c’était elle-même ! C’est elle qui l’a donné ; elle s’est donnée en fuyant ; elle a enchaîné toute ma vie.

Averti.

Moi aussi, je me suis trop volontiers laissé prendre à des cheveux bouclés : Hafiz, ton ami aurait donc éprouvé le même sort que toi ?

Mais aujourd’hui, de leurs longs cheveux elles forment des tresses ; elles combattent sous le casque, comme nous en avons fait l’épreuve.

Qui est bien sur ses gardes ne se laisse pas faire violence : on craint des chaînes pesantes, on court dans de légers filets.

Submergé.

Avec des boucles sans nombre, une tête ronde et frisée !… Quand je puis, à pleines mains, passer et repasser dans cette opulente chevelure, je me sens jusques au fond du cœur une vigueur nouvelle, et, si je baise le front, les sourcils, les yeux, la bouche, cela me ravive toujours et de nouveau me blesse.

Le peigne aux cinq dents où doit-il s’arrêter ? Déjà il revient à la frisure. L’oreille ne se refuse pas au jeu : ce n’est pas de la chair, ce n’est pas de la peau, c’est quelque chose de si délicat et de si amoureux pour le badinage ! Mais, comme on caresse la jolie tête, la main passera et repassera sans cesse dans l’opu-