Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome I.djvu/568

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lente chevelure. Hafiz, c’est ainsi que tu as fait, et nous recommençons de même.

Danger.

Dois-je parler des émeraudes que montre ton doigt délicat ? Quelquefois un mot est nécessaire, et souvent se taire vaut mieux.

Eh bien, je dis que cette couleur verte repose la vue ; je ne dis pas que douleur et blessure sont à craindre tout auprès.

Soit ! il faut te le dire ! Pourquoi exerces-tu un tel pouvoir ? « Ta beauté est aussi dangereuse que l’émeraude est salutaire. »


Bien-aimée, en un dur volume elles sont à la gêne, les libres chansons qui volaient gaiement à l’aventure dans la région pure des cieux. Le temps altère tout ; elles seules se maintiennent : chaque ligne en doit être impérissable, immortelle comme l’amour.


D’où me vient cette angoisse à toute heure ? La vie est courte, le jour est long, et toujours le cœur soupire : est-ce pour le ciel, je ne sais, mais il veut avancer plus loin, plus loin encore, et volontiers il se fuirait lui-même. Et, s’il fuit sur le sein de la bien-aimée, il y repose dans le ciel et s’oublie ; le tourbillon de la vie l’entraîne, et toujours il s’attache au même lieu. Quelque chose qu’il ait voulue, qu’il ait perdue, il finit par être sa propre dupe.

Fâcheuse consolation.

À minuit, je pleurais, et je sanglotais, parce que j’étais privé de toi. Alors survinrent des fantômes nocturnes et je me sentis confus. « Fantômes, leur dis-je, vous me trouvez pleurant et sanglotant, moi, que d’ordinaire vous voyez dormant à votre passage. Je suis privé de grands biens. Ne pensez pas plus mal de moi. Celui qu’autrefois vous appeliez sage, un grand mal le fait souffrir. » Et les fantômes, la figure allongée, passèrent, sans aucun souci de ma sagesse ou de ma folie.

Humeur accommodante.

Quelle erreur d’imaginer que la jeune fille se soit donnée à