Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome I.djvu/618

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MATHAL NAMEH.


LIVRE DES PARABOLES.


Il tomba du ciel dans l’abîme des mers orageuses une goutte tremblante ; les flots la battirent horriblement, mais Dieu récompensa le courage modeste de la foi, et il donna à la goutte d’eau force et durée ; la coquille paisible l’enferma ; et maintenant, pour sa gloire et sa récompense éternelle, la perle brille à la couronne de notre souverain, avec un doux regard et un doux éclat.


Le chant nocturne du bulbul s’est élevé à travers la brise frémissante jusqu’au trône radieux d’Allah, qui, en récompense de ses belles chansons, l’enferme dans une cage d’or. Ce sont les membres de l’homme. L’oiseau se sent à l’étroit, mais après de sages réflexions, la pauvre âme recommence à chanter toujours.

Foi aux miracles.

Je brisai un jour une belle tasse, et j’étais comme désespéré ; maladresse, et surtout précipitation, j’envoyais tout au diable. J’entrai d’abord en fureur, et puis je m’attendris, et je pleurai en ramassant tristement les débris : Dieu eut pitié de moi et me rendit soudain la coupe entière comme elle était.


Échappée de la coquille, la perle la plus noble et la plus belle disait à l’honnête joaillier : « Je suis perdue ! tu me transperces ; mon bel ensemble est détruit : avec mes sœurs il faut qu’à