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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome I.djvu/619

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l’aventure je sois enchaînée à de méchantes pierreries. — Je ne songe à présent qu’à mon profit, pardonne-moi : si je ne suis pas cruel avec toi, comment se fera le collier ? »


Je vis un jour avec surprise et joie une plume de paon entre les feuillets du Coran. Sois la bienvenue à cette place sacrée, ô la plus précieuse création de la terre ! Comme dans les étoiles du ciel, on peut reconnaître chez toi, dans un petit objet, la grandeur de Dieu, apprendre que celui qui embrasse d’un regard les mondes a déposé ici l’empreinte de son œil, et a paré si bien un léger plumage, que les rois ont à peine essayé d’imiter la magnificence de l’oiseau : jouis modestement de la gloire et tu seras digne du sanctuaire.


Un roi avait deux caissiers, l’un pour la recette, l’autre pour la dépense. À celui-ci, l’argent fondait dans les mains ; celui-là ne savait où s’en procurer. Le dispensateur mourut ; le maître d’abord se demanda à qui il devait confier l’emploi, et, tandis qu’il jetait les yeux autour de lui, son receveur devint énormément riche : on savait à peine que faire de l’or, parce qu’on n’avait rien dépensé de tout un jour. Alors enfin le prince vit clairement quelle était la cause de tout le mal. Il sut profiter de l’incident pour laisser la place toujours vacante.


La marmite neuve disait au chaudron : « D’où vient que tu as le ventre noir ? — C’est chez nous aujourd’hui l’usage de la cuisine. Approche, approche, brillante pécore, ton orgueil diminuera bientôt. Si l’anse garde un visage clair, ne va pas t’en glorifier : regarde seulement ton derrière. »