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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome I.djvu/621

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PARSI NAMEH.
LIVRE DU PARSI.


Testament de l’ancienne foi persanne.

Frères, quel testament pourrait vous laisser, en quittant ce monde, le pauvre homme pieux, que vous avez nourri patiemment, vous, ses disciples, honorant et soignant ses derniers jours ?

Quand nous avons vu souvent le roi passer à cheval, de l’or sur sa personne et de l’or de tous côtés, des pierreries sur lui et sur ses grands, semées comme grêlons épais.

L’avez-vous vu jamais envié pour cela, et n’avez-vous pas rassasié vos regards avec plus de délices, quand, sur les ailes du matin, le soleil a montré le bord de son disque sur les innombrables cimes de Darnavend[1] ?

Qui a pu s’empêcher de porter vers lui ses regards ? Mille fois, mille fois, dans ma longue vie, je me sentis emporté avec lui à son approche,

Pour contempler Dieu sur son trône, pour le nommer le maître des sources de la vie, pour me conduire en digne témoin de ce spectacle sublime, et pour marcher à sa lumière.

Mais, quand le disque enflammé se levait tout entier, j’étais aveuglé, comme dans les ténèbres ; je me frappais la poitrine, et, le front baissé, je prosternais sur la terre mes membres ranimés.

Et voici maintenant un saint testament confié à la bonne volonté et à la mémoire de mes frères : Observation journalière de pénibles devoirs. IL n’a du reste besoin d’aucune révélation.

  1. Montagne du Tabaristan, près de la mer Caspienne.