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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/123

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et j’aurais presque envie de la dégoûter du célibat. Si Jéry me guette, s’il espère et s’il attend, il se rira de moi, si peu que la chose soit risible pour lui. Mille diables ! il faut qu’elle écoute ce que j’ai à lui dire. Je veux au moins m’acquitter de ma commission. Renoncer comme cela du premier coup, c’est par trop honteux. (Il heurte fortement à la porte de la cabane.) A présent, sans plaisanterie, jeune fille, ouvrez, soyez assez bonne pour me donner un verre de vin. Je payerai volontiers. B.s :tely, à la fenêtre. Ce n’est pas ici une auberge. ’Passez votre chemin ; nous ne sommes pas accoutumés à ces choses-là dans le pays. Comme les gens se conduisent on se conduit avec eux. Ne vous donnez pas cette peine. [Elle ferme brusquement la fenêtre. )

1. Expression proverbiale, dont nous avons cru devoir conserver la naïveté ; pour dire « un mari qui lui répondît sur le même ton, lorsqu’elle crierait. »



THOMAS.

Sotte et capricieuse créature ! Je veux te montrer que tu n’es pas là haut fort en sûreté. Museau de singe ! Nous verrons qui viendra la secourir. Et, si elle est une fois bien avertie, elle n’aura plus envie de s’exposer ainsi toute seule. Fort bien ! Puisque je ne peux lui donner ma leçon de bouche, je la lui donnerai par des signes fort intelligibles. Voici justement mon troupeau qui arrive au haut de la montagne. Il prendra le repos de midi dans son pré. Ah ! ah ! Ils arrangeront joliment son herbage, et lui fouleront bien son terrain. ( A la cantonade. ) Holà ! Hé ! (Un valet paraît.) Ne montez pas plus haut pendant la chaleur. Voici une prairie pour se reposer. Faites-y entrer tout le troupeau. Eh bien, pourquoi rester ébahi ? Fais ce que je t’ordonne ; comprends-tu ? Ici, dans cette prairie, sans façon ; et ne vous inquiétez de rien, quoi qu’il arrive. Faites-les paître et reposer. Je connais les gens ici, je leur parlerai. (Le pâtre s’en va. ) Mais, si la chose va devant le bailli ?… Eh ! quoi donc ? Une légère punition ! Je pense que le traitement réussira ; et, s’il ne sert de rien, nous sommes tous vengés d’un seul coup, Jéry et moi et tous les amants et les affligés. (// monte sur le rocher près du ruisseau, et parle à ses gens hors du théâtre. ) Poussez donc les bœufs ici dans le pré ! Arrachez hardiment la cloison ! Bien ! Allons, tous !… Bergers, par ici, là dedans…. Bien, comme cela ! Qu’on se réjouisse ! Mettez-moi dehors les vaches !… Quelles cabrioles elles font, parce qu’on les chasse de leur territoire !…