Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/132

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Pouvais-je attendre une pareille récompense ?

LE PÈRE.

Elle est toute saisie ; toute pensive, elle est là près du foyer ; elle songe au passé, et comme elle s’est conduite avec toi. Elle songe à ce qu’elle te doit maintenant. Va, sois content ! Je gage qu’elle résout aujourd’hui même ce qui nous réjouira ce que nous désirons tous deux.

JÉRY.

Pourrai-je la posséder !

LE PERE.

Elle vient, je lui cède la place. (Il s éloigne.)

B.ŒTELY, portant un pot et du linge.

J’ai tardé longtemps, bien longtemps. Viens, n’attendons pas davantage ; Viens et montre-moi ta main.

Jéry, pendant quelle lui met une compresse.

Chère âme, mon cœur Reste confus de ta bonté. Qu’il fait de bien ce pansement !

Bjetely, qui a fini de lui donner ses soins.

Sens-tu toujours ta blessure ?

JÉRY.

Ma chère, elle est déjà guérie : Depuis que ta main l’a touchée, Je n’ai plus senti de douleur.

B/ETELY.

Parle, mais parle sincèrement ! Regarde-moi franchement au visage ! Ne me trouves-tu pas affreuse,

Jéry ? mais ne flatte pas ! Toi qui m’as donné tout ton cœur, Celle que tu as si bien défendue, Comme elle t’a souvent offensé, Et chagriné et repoussé 1

Ton amour est-il passé ? Ton cœur s’est-il éloigné ? Laisse-moi seule à ma peine 1 Crois-moi, je veux la souffrir, Pleurer ma faute en silence : Mais toi, sois toujours heureux !