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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/167

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L’ABBÉ.

C’est aussi ce que je veux dire : purement et simplement, sans autre explication.

L’ÉVÊQUE.

Et ce qu’il y a de plus beau, un empire pourrait, comme vous dites, subsister dans la paix et la tranquillité la plus profonde, quand ces lois y seraient complétement établies et bien maintenues.

OLÉARIUS.

Sans doute.

L’ÉVÊQUE.

À tous les docteurs en droit !

OLÉARIUS.

Je saurai le publier ! (Ils boivent.) Plût à Dieu que l’on tînt ce langage dans ma patrie !

L’ABBÉ.

D’où êtes-vous, savant homme ?

OLÉARIUS.

De Francfort-sur-le-Mein, pour servir Votre Grandeur.

L’ÉVÊQUE.

N’y seriez-vous pas bien notés, vous autres docteurs ? D’où vient cela ?

OLÉARIUS.

C’est assez singulier. J’y allai pour recueillir l’héritage de mon père : la populace m’aurait presque lapidé, quand elle apprit que j’étais un juriste.

L’ABBÉ.

Dieu nous préserve !

OLÉARIUS.

Mais voici d’où cela vient : le tribunal des échevins, qui est en grand honneur bien loin alentour, est entièrement composé de gens qui ne connaissent pas le droit romain. On croit qu’il suffit d’acquérir par l’âge et l’expérience une connaissance exacte de l’état intérieur et extérieur de la ville. Ainsi les bourgeois et le voisinage sont jugés par de vieilles coutumes et un petit nombre de statuts.

L’ABBÉ.

C’est assez bien.