Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA FILLE D’HONNEUR.

Plus tard il lui reste encore à soutenir un pénible combat.

ADÉLAÏDE.

Que veux-tu dire ?

LA FILLE D’HONNEUR.

Que demandez-vous, madame ? Vous avez pris son cœur à l’hameçon, et, s’il veut se dégager, il saignera. (La fille d’honneur se retire. Entre Weislingen.)

WEISLINGEN.

Vous êtes souffrante, madame ?

ADÉLAÏDE.

Cela doit vous être indifférent. Vous nous quittez, vous nous quittez pour toujours : que vous importe si nous vivons ou mourons ?

WEISLINGEN.

Vous me méconnaissez.

ADÉLAÏDE.

Je vous prends tel que vous vous donnez.

WEISLINGEN.

L’apparence trompe.

ADÉLAÏDE.

Ainsi vous êtes un caméléon ?

WEISLINGEN.

Si vous pouviez voir dans mon cœur !

ADÉLAÏDE.

Il s’offrirait à mes yeux de belles choses.

WEISLINGEN.

Assurément ! Vous y trouveriez votre image.

ADÉLAÏDE.

Dans quelque recoin, avec les portraits de familles éteintes. Je vous en prie, Weislingen, songez que vous parlez à moi. Les fausses paroles ont beaucoup de pouvoir, quand elles sont le masque de nos actions. Un masque qui est reconnaissable joue un triste rôle. Vous ne désavouez pas vos actions, et vos paroles y sont contraires : que faut-il penser de vous ?

WEISLINGEN.

Ce que vous voudrez. Je me sens si excédé de ce que je suis, que je m’inquiète peu de ce qu’on pensera de moi.