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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/196

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les fourbes, et que je servais Gœtz de Berlichingen. Alors il se mit à enfiler toutes sortes de propos détournés, qui finirent par ceci, que vous l’aviez surpris, qu’il ne vous devait rien, et qu’il ne voulait rien avoir à faire avec vous.

GŒTZ.

Tiens-tu cela de sa bouche ?

GEORGE.

Cela et bien d’autres choses… Il m’a menacé…

GŒTZ.

Il suffit ! Ce serait encore un de perdu ! Loyauté, confiance, vous m’avez de nouveau trompé ! Pauvre Marie ! Comment t’apprendrai-je cela ?

SELBITZ.

J’aimerais mieux perdre mon autre jambe que d’être un pareil faquin. (Ils s’éloignent.)

Bamberg.

ADÉLAÏDE, WEISLINGEN.
ADÉLAÏDE.

Le temps commence à me devenir d’une longueur insupportable ; je ne puis parler, et je rougis de feindre avec vous. Ennui, tu es plus dévorant qu’une fièvre lente.

WEISLINGEN.

Êtes-vous déjà lasse de moi ?

ADÉLAÏDE.

De vous moins que de votre société. Je voudrais que vous fussiez où vous vouliez aller, et que nous ne vous eussions pas retenu.

WEISLINGEN.

Telle est la faveur des femmes ! Elle couve d’abord, avec un zèle maternel, nos plus chères espérances ; puis, comme une poule inconstante, elle déserte le nid, et abandonne sa postérité, déjà près d’éclore, à la mort et à la pourriture.

ADÉLAÏDE.

Médisez des femmes ! Le joueur imprudent déchire et foule aux pieds les cartes, cause innocente de sa perte. Mais laissez-