Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/209

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SICKINGEN.

Je peux du moins vous faire joindre secrètement par une vingtaine de cavaliers.

GŒTZ.

Bien ! J’ai déjà dépêché George à Selbitz et mes cavaliers dans le voisinage. Cher beau-frère, quand mes gens seront rassemblés, cela fera une petite troupe, telle que peu de princes en ont vu réunie.

SICKINGEN.

Vous serez peu de gens contre une multitude.

GŒTZ.

C’est trop d’un loup pour un troupeau de moutons.

SICKINGEN.

Mais s’ils ont un bon berger ?

GŒTZ.

Cela t’inquiète ! Ce sont tous mercenaires. Et d’ailleurs le meilleur chevalier ne peut rien faire, quand il n’est pas maître de ses actions. C’est aussi de la sorte qu’ils vinrent à moi, un jour que j’avais promis au comte palatin de servir contre Conrad Schotten ; il me présenta une instruction de la chancellerie, portant la manière dont je devais marcher et me conduire. Alors je rejetai le papier aux conseillers, et je dis : « Je ne saurais me conformer à cet ordre : j’ignore ce qui peut m’arriver ; cela ne se trouve pas dans l’instruction. Il faut que j’ouvre moi-même les yeux, et voie ce que j’ai à faire.

SICKINGEN.

Bon succès, frère ! Je veux partir sur-le-champ et t’envoyer ce que je pourrai rassembler à la hâte.

GŒTZ.

Viens encore auprès de nos femmes ; je les ai laissées ensemble. Je voudrais que tu eusses leur parole avant de partir. Ensuite envoie-moi les cavaliers, et reviens en secret chercher Marie ; car mon château, je le crains, ne sera bientôt plus une résidence convenable pour des femmes.

SICKINGEN.

Ayons bonne espérance. (Ils sortent.)