Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/212

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LERSE.

Vous souvient-il d’avoir rencontré en chemin, près d’un village, vingt-cinq cavaliers ?

GŒTZ.

Très-bien. Je crus d’abord qu’ils n’étaient que douze, et je partageai ma troupe. Nous étions seize ; et je me postai près du village, derrière la grange, dans l’intention de les laisser passer outre. Je voulais ensuite les prendre à dos, comme j’en étais convenu avec le reste de la troupe.

LERSE.

Mais nous vous aperçûmes, et nous montâmes sur une hauteur près du village. Vous vous approchâtes et vous restiez en bas. Quand nous vîmes que vous ne vouliez pas monter, nous descendîmes.

GŒTZ.

Alors seulement je vis que j’avais mis la main dans la braise. Vingt-cinq contre huit. Il ne s’agissait pas de chômer. Ehrard Truchses me tua un homme : moi, je le renversai de cheval. S’ils s’étaient tous conduits comme lui et un de ses cavaliers, moi et ma petite troupe nous nous en serions mal trouvés.

LERSE.

L’homme dont vous parliez…

GŒTZ.

C’était le plus brave que j’eusse rencontré. Il me pressait vivement. Quand je croyais m’en être délivré, et voulais en attaquer un autre, il revenait à la charge et frappait rudement. Il me porta même un coup à travers mon brassard, et me blessa légèrement.

LERSE.

Lui avez-vous pardonné ?

GŒTZ.

Il ne me plaisait que trop bien.

LERSE.

Eh bien, j’espère que vous serez content de moi. J’ai fait mes preuves sur vous-même.

GŒTZ.

Est-ce toi ? Oh ! bienvenu, bienvenu ! Peux-tu dire, Maximilien, que tu as enrôlé dans tes troupes un homme pareil ?