Que t’a-t-elle donné pour cela ?
Quoi ? Rien. Elle s’est laissé embrasser. Quoi qu’on fasse, on n’obtient pas d’une jeune fille d’autre récompense qu’un baiser.
AMINE, montrant à Églé la couronne avec le nœud.
Est-ce bien ainsi ?
Oui, donne !… (Elle attache la couronne à Amine, de sorte que le nœud tombe sur l’épaule droite. Pendant ce temps, elle parle avec Lamon.) Écoute, sois bien gai aujourd’hui.
Aujourd’hui nous allons faire un beau bruit ! On ne sent la joie qu’à demi, lorsqu’on la sent avec réserve, et qu’on est longtemps à réfléchir si notre amant permet ceci et la bienséance cela.
Tu as bien raison.
Oui, certes !
Amine, assieds-toi. (Amine s’assied ; Églé lui fixe les fleurs dans les cheveux, en continuant la conversation.) Viens, rends-moi donc le baiser de ta Chloris.
De bon cœur ! Le voici. (Il l’embrasse.)
N’êtes-vous pas singuliers !
Si Éridon l’eût fait ainsi, ce serait un bonheur pour toi.
Certes, il ne se permettrait pas d’embrasser une autre que moi.
Où est la rose ?
Elle a dû la lui donner pour l’apaiser.