Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/24

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Que t’a-t-elle donné pour cela ?

LAMON.

Quoi ? Rien. Elle s’est laissé embrasser. Quoi qu’on fasse, on n’obtient pas d’une jeune fille d’autre récompense qu’un baiser.

AMINE, montrant à Églé la couronne avec le nœud.

Est-ce bien ainsi ?

ÉGLÉ.

Oui, donne !… (Elle attache la couronne à Amine, de sorte que le nœud tombe sur l’épaule droite. Pendant ce temps, elle parle avec Lamon.) Écoute, sois bien gai aujourd’hui.

LAMON.

Aujourd’hui nous allons faire un beau bruit ! On ne sent la joie qu’à demi, lorsqu’on la sent avec réserve, et qu’on est longtemps à réfléchir si notre amant permet ceci et la bienséance cela.

ÉGLÉ.

Tu as bien raison.

LAMON.

Oui, certes !

ÉGLÉ.

Amine, assieds-toi. (Amine s’assied ; Églé lui fixe les fleurs dans les cheveux, en continuant la conversation.) Viens, rends-moi donc le baiser de ta Chloris.

LAMON.

De bon cœur ! Le voici. (Il l’embrasse.)

AMINE.

N’êtes-vous pas singuliers !

ÉGLÉ.

Si Éridon l’eût fait ainsi, ce serait un bonheur pour toi.

AMINE.

Certes, il ne se permettrait pas d’embrasser une autre que moi.

LAMON.

Où est la rose ?

ÉGLÉ.

Elle a dû la lui donner pour l’apaiser.

AMINE.