Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/250

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GEORGE.

Si seulement on n’avait pas toujours affaire dans le pays à des soldats de l’Empire ! Vous rappelez-vous, monseigneur, comme vous nous prédisiez que, si le monde se renversait, nous deviendrions chasseurs ? Nous le sommes sans cela.

GŒTZ.

Cela revient au même : nous sommes poussés hors de notre carrière.

GEORGE.

Les temps sont difficiles. Depuis huit jours se montre une épouvantable comète, et toute l’Allemagne tremble qu’elle n’annonce la mort de l’empereur, qui est très-malade.

GŒTZ.

Très-malade ? Notre carrière touche à sa fin.

LERSE.

Et il arrive dans notre voisinage des changements encore plus terribles : les paysans ont commencé une horrible révolte.

GŒTZ.

Où ?

LERSE.

Au cœur de la Souabe. Ils brûlent, ils égorgent. Je crains qu’ils ne ravagent tout le pays.

GEORGE.

C’est une affreuse guerre. Près de cent villages sont déjà soulevés, et cela augmente tous les jours. Dernièrement la tempête a déraciné des forêts entières, et, bientôt après, on a vu, dans la contrée où la révolte a commencé, deux épées de feu se croiser dans l’air.

GŒTZ.

Sans doute plus d’un bon seigneur de mes amis en est l’innocente victime !

GEORGE.

Quel dommage que nous ne puissions monter à cheval !