Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/253

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larges narines, il nous chassait devant lui avec ses chiens et comme des chiens !… Je ne l’avais pas vu depuis longtemps ; sa grimace me frappa. Paff ! ma lance entre ses côtes, et le voilà, les quatre membres étendus, couché sur ses camarades. Comme les lièvres dans une battue, les drôles gigotaient les uns sur les autres.

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Ça fume déjà bien.

METZLER.

Et là derrière ça brûle. Allons tranquillement rejoindre le gros de la troupe avec notre butin.

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Où est-elle ?

METZLER.

En deçà de Heilbronn. Ils sont embarrassés à trouver un chef, qui tienne tout le peuple en respect ; car, après tout, nous ne sommes que leurs égaux ; ils le sentent et deviennent indociles.

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Qui ont-ils en vue ?

METZLER.

Max Stumpf ou Gœtz de Berlichingen.

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Ce serait bon ; cela donnerait aussi à l’affaire une tournure, si Gœtz acceptait. Il a toujours passé pour un honnête chevalier… Allons ! allons ! Nous marchons sur Heilbronn. Appelez notre monde.

METZLER.

Le feu nous éclairera encore une bonne partie du chemin. As-tu vu la grande comète ?

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Oui, c’est un horrible, épouvantable signe ! Si nous marchons cette nuit, nous pourrons bien la voir. Elle se lève vers une heure.

METZLER.

Et ne reste que cinq quarts d’heure. Elle paraît comme un bras levé avec une épée, elle est jaune et rouge de sang.

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As-tu vu les trois étoiles, à la pointe et sur le plat de l’épée ?